GemGenève : une opportunité manquée

 

Pour sa 8ème édition du 9 au 12 mai 2024 à Genève, ce salon de la joaillerie a, selon nous, manqué une opportunité de taille : présenter les pierres précieuses éthiques faites en laboratoire. En effet, présent depuis maintenant plusieurs années sur la scène genevoise, ce “petit salon parmi les grands qui a su trouver sa place” comme le mentionne son co-fondateur Ronny Totah dans un article, a permis à de nombreux visiteurs d’être émerveillés face aux joyaux présentés. Des conférences ont aussi eu lieu sur place, notamment sur les opales, mises à l’honneur lors de cette édition. Nous avons eu la possibilité de lire l’article en question et nous avons décidé d’y réagir.

Malheureusement, une interdiction a été mise en place pour les gemmes de culture. Exclure les exposants en proposant est l’occasion perdue pour se mettre à jour sur un marché existant. La concurrence avec ces nouvelles pierres est rude et l’offre et la demande en pierres de mines ont été secouées avec l’arrivée dans le commerce de ces nouveautés. Cet entêtement souligne la vision dualiste des organisateurs, révélant une logique où seuls les diamants issus de mines sont véritables. En effet, la technologie permet de proposer aujourd’hui des pierres aux même caractéristiques qualitatives que celles extraites des mines avec plusieurs avantages : la traçabilité, la durabilité ainsi que l’assurance qu’elles n’ont pas participé à des violences humaines. Dire que cela « n’a pas de sens » de parler de couleur et de pureté pour un diamant issu de laboratoire est complètement insensé, car ces derniers présentent exactement les mêmes spécificités que ceux dit « naturels ».

La prise de position est claire pour le salon genevois, qui se range du côté des pierres de mines avec tout ce que cela engendre: violences, pauvreté ainsi que dangerosité pour les mineurs. Pourtant, les gemmes éthiques (à savoir les rubis, les émeraudes et les saphirs créés en laboratoire) sont de plus en plus demandées du fait de leur côté durable. En effet, une conscience populaire grandissante au sein de la clientèle touche désormais le domaine de la joaillerie, l’obligeant à revoir ses pratiques. Proposer des pierres issues de laboratoires constitue une réelle prise de position contre les problèmes engendrés par celles des mines, faisant des clients des acteurs à part entière dans le processus de durabilité. Une véritable crise du diamant de mine a lieu aujourd'hui et c’est en grande partie grâce à ces nouvelles pierres éthiques. En effet, nous sommes persuadés que les pierres précieuses éthiques révolutionnent le monde de la joaillerie tout en s’inscrivant dans son avenir. 

La discrimination envers les diamants créés en laboratoire est donc malheureusement toujours actuelle et il est intéressant de noter que dans d’autres salons internationaux comme en Asie ou aux Etats-Unis, ces pierres sont bel et bien présentes. Cette opportunité manquée pour Genève, ville internationale, est vraiment regrettable et démontre une forte distinction des diamants de laboratoire, qui sont qualitativement identiques à ceux provenant des mines. Le fait de les interdire exclut la Suisse et notamment Genève du marché mondial existant et fermer les yeux sur cette réalité n’est pas, selon nous, une solution. En lieu et place de ce que nous appelons une fermeture, nous souhaitons promouvoir, au contraire, une ouverture dans ce que nous voyons comme l’avenir: les pierres de culture. Nous souhaitons mettre en avant cette capacité d’innovation et sommes convaincus que ces pierres représentent le futur. Les exclure de ce salon international s’apparente à un faible gain de temps face à l’inévitable : la démocratisation de ces gemmes, permise grâce à une conscientisation grandissante des clients.

(Crédit photo : Anokhi De Silva)

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